
Winston McQuade: des projets plein la tête
Winston McQuade a plus d’un projet derrière la cravate, ou plutôt derrière le nœud papillon.
En effet, porte-parole de la fondation Procure, M. McQuade a collaboré à la création du nœud papillon Noeudvembre, qui est maintenant vendu dans le cadre de la campagne de sensibilisation au cancer de la prostate.
Animateur et artiste inspirant et inspiré, M. McQuade a contribué à faire évoluer le domaine des communications par sa présence à la télévision et à la radio ainsi que par son implication dans le milieu des arts. Aujourd’hui, il jongle avec les projets en arts visuels et ceux en communication qui lui tiennent à cœur. Il profite de la vie tout en sensibilisant les gens à prendre soin d’eux!
M. McQuade, on vous a diagnostiqué un cancer de la prostate en 2003. Depuis cette annonce, vous avez changé votre mode de vie, troquant la cigarette pour de l’exercice et des légumes verts. Qu’auriez-vous à conseiller?
Avant d’apprendre quoi que ce soit, faites attention à votre santé! La cigarette, il y a 40 ans, j’aurais dit «jette ça par la fenêtre», mais ça ferait de la pollution, alors on l’éteint. On fait attention à ce qu’on mange et à ce qu’on boit. Je ne dis pas qu’il ne faut pas boire de vin ou aller manger au restaurant, mais il faut devenir conscient que notre corps ne peut pas prendre n’importe quoi tout le temps, sinon il va réagir parce que ce n’est pas naturel. Moi je dis : alimentation, activité physique, aussi banale que marcher 30 minutes par jour, du vélo, du vélo stationnaire, du step… Aller au gym, ce n’est peut-être pas à la portée de tout le monde et on n’a pas nécessairement le temps, mais faire des exercices quelques fois par jour, oui. Si on est en forme physiquement, si on fait attention à notre santé, c’est plus facile sur le plan moral d’affronter ça. L’accompagnement aussi est important. Il faut aller chercher de l’information ensemble et se soutenir mutuellement. Aussi, lorsqu’on atteint la cinquantaine, on demande à notre médecin dans le bilan annuel qu’il y ait une prise de sang pour dépister l’antigène prostatique (APS).
Au sujet de la santé, il est recommandé de faire un test de l’audition tous les deux ans à partir de 50 ans. Est-ce que vous ou une personne de votre entourage avez des problèmes auditifs?
En plongée, j’ai eu des problèmes. J’ai une oreille qui est parfaite et l’autre où je dois porter un appareil auditif. C’est le deuxième que je porte. Il est réglé avec un ordinateur et il donne plusieurs programmations d’écoute. Par exemple, à un concert, mon code est de peser deux fois pour élargir mon spectre dans les hautes, ce qui me permet d’entendre le violon convenablement. Je le recommande.
Il n’y a rien de pire que si je n’ai pas d’appareil auditif et que quelqu’un est à ma gauche. Je ne l’entends pas, donc si je marche avec lui dans la rue, je suis obligé de lui demander de changer de bord. Dans un restaurant, il y a du bruit: coutellerie, murmures, gens qui jasent. Ça vient «bouffer» de l’écoute, je suis obligé de regarder la bouche de la personne qui parle, même quand j’entends à peu près ce qu’elle dit. Je confirme ce que j’entends en regardant les lèvres. En portant un appareil auditif, tu te libères d’une certaine façon de cette contrainte-là, malgré l’habitude de passer entre l’œil et la bouche.
À vos yeux, y a-t-il une différence entre le milieu artistique d’aujourd’hui et celui d’il y a 40 ans?
Oui. Je dirais que la différence résulte surtout dans les moyens qu’on a maintenant pour illustrer des choses. Je pense au théâtre de Robert Lepage, de Denis Marleau, de Dominique Champagne… Il y a des techniques qui permettent d’éclater la proposition, ce qui était vraiment difficile, voire impossible, dans les années 40-50-60. La technologie est venue, tout comme en arts visuels, apporter un gros plus. Évidemment, on a été les enfants de la télé, mais les générations qui poussent pendant que c’est en train d’éclore sont les enfants de la technologie. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’on a maximisé l’intégration des moyens d’illustrer la création.
L’avènement de la haute technologie en cinéma, c’est incroyable. Ils travaillent dans des studios verts, ils ont des capteurs sur eux, ils reproduisent… Ils font passer un groupe de 10 personnes et en font un regroupement de 100 000 personnes comme dans les Star Wars et compagnie. C’est ce que je trouve différent et fabuleux. Le propre de l’art, c’est de se réinventer tout le temps.
Il y a aussi la facilité de s’adapter au contexte, et pas seulement dans le milieu culturel, c’est comme ça en médecine, en science, en affaires… Les plans d’affaires, ce n’est plus comme c’était il y a 30-40-50 ans. Les gens sortent des hautes études commerciales par exemple avec des connaissances et un bagage qui leur permettent d’être des entrepreneurs avec un esprit à la fois d’investisseurs ou de choses totalement nouvelles où l’imaginaire est complètement débridé, mais en même temps, il y a un souci d’écologie, un souci des générations qui s’en viennent, ce qui n’était pas nécessairement le cas avant. Les mentalités ont changé. C’est ce que je veux dire par adaptation : la capacité qu’on a comme humain de s’adapter aux changements.
Quels sont vos prochains projets?
Je suis un gars aux multiples projets. Je l’ai toujours été. On est intemporel. J’ai des vernissages. C’est le résultat d’un certain travail. J’essaie de m’organiser pour à la fois avoir des projets en arts visuels et continuer à avoir des projets en communication. Mais la grosse différence, c’est que maintenant, je choisis mes projets. Je n’attends pas que quelqu’un vienne me proposer «Winston, ça te tenterait-tu de…» Être aîné et avoir de l’expérience, ça nous amène à pouvoir mettre sur pied des projets à partir de notre vécu avec un peu d’imagination. Tu te rends compte qu’en même temps, les gens réalisent ça et tout à coup on t’approche justement à cause de ça. Je ne refuse pas une offre comme celle de Alors on jase il y a quelques années, où pendant trois ans, j’avais une chronique qui s’inscrivait dans un concept intergénérationnel où j’amenais un regard, des sujets et des propos qui intéressaient. C’est encore dans mes dossiers. Il y a des projets en ce moment là-dessus. J’ai proposé des choses comme Sexe, drogue et arthrite. Défonçons les tabous!
Votre fille, Pénélope McQuade, a suivi vos traces à la télévision par l’animation de différentes émissions. De quels moments de sa carrière êtes-vous le plus fier?
Je dirais que récemment Pénélope a été mise en nomination pour le Gala Artis (2016) pour la première fois. Ce qui est intéressant dans ce prix-là c’est que le vrai monde, le public, vote. Pénélope jouit d’un capital de sympathie très élevé. On en a eu un bon exemple quand elle a eu un accident il y a 6 ans. Il y a eu des milliers de courriels et de messages qui sont rentrés pour l’encourager, et sa période de guérison et de remise sur pied a été quand même très longue parce que c’était sérieux comme accident. On a pu jauger à ce moment-là le capital de sympathie. Et ça, c’était avant son passage à Radio-Canada, elle était à Salut bonjour week-end à ce moment-là.
Je t’avoue que pour moi, ce qui a été très touchant, c’est quand elle est rentrée à la maison. Elle a grandi d’une certaine façon à Radio-Canada, parce que moi j’animais des émissions de radio et de télévision, et je l’amenais tout le temps ou très souvent avec moi, donc elle a grandi un peu dans les coulisses de Radio-Canada. J’ai passé près de 35 ans à Radio-Canada. Quand Radio-Canada a proposé à Pénélope ce projet-là, qui s’appelait « Pénélope », pour moi la fierté c’était qu’on se rejoignait professionnellement. Ce fut un très beau moment. Avec le temps, on est devenus des complices sérieux. On se parle souvent, on se consulte.
Merci M. McQuade de nous avoir accordé cette entrevue!