
Dre Christiane Laberge: vieillir en santé
Après avoir pratiqué à l’urgence de pédiatrie, c’est comme médecin de famille que Christiane Laberge trouve sa vocation.
Au fil du temps, elle est amenée à faire des chroniques dans différents médias afin d’informer
la population sur une foule de sujets en lien avec la santé. On découvre alors une communicatrice hors pair, qui vulgarise à merveille des sujets qui peuvent parfois s'avérer complexes. La docteure a accepté de nous accorder une entrevue, qui nous permet d’en savoir plus sur elle et sur son métier.
Qu’est-ce qui vous a menée à faire carrière dans le domaine de la santé?
Le hasard. On remonte à la deuxième année d’existence des cégeps. Le pensionnat où j’étudiais n’offrait pas de 5e secondaire. Et j’étais très tannante, je parlais tout le temps! Mais comme j'étais première de classe, en 3e secondaire, une sœur m’a demandé de donner des ateliers de récupération à d’autres élèves. C’est là que j’ai appris à expliquer des concepts, à vulgariser et à faire de la pédagogie. De telle sorte que, après ma 4e secondaire, les sœurs m’ont proposé de m’inscrire au cégep tout de suite. Pourquoi pas ! Le conseiller du cégep de Valleyfield m’a suggéré de m’inscrire en sciences de la santé plutôt qu’en sciences humaines. J’ai fait quelques cours pendant l’été, puis je suis entrée en sciences de la santé au cégep. À 18 ans, j’étais acceptée en médecine à l’université.
Après plus de 40 ans de pratique, qu’est-ce qui vous passionne du métier de médecin? La soif d’apprendre. Ce n’est pas statique, c’est un domaine qui évolue tout le temps. Le contact avec les gens me passionne. Chaque jour, je joue au détective. J’essaie de trouver les causes, de voir si un problème de santé n’en cache pas un autre. J’adore ça!
Vous êtes avant tout médecin de famille. Qu’est-ce qui vous a amenée à faire également de la télévision et de la radio?
Ça aussi, c’est le hasard! J’ai travaillé pendant dix ans à l’urgence de pédiatrie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. On m’a demandé de participer à l’émission Droit de parole avec Claire Lamarche, dans un épisode sur la DPJ. Ensuite, j’ai participé à l’émission Top 50 avec Michel Jasmin, sur une base régulière, puis à l’émission de service C’est simple comme bonjour, qui s’apparente à Marina Orsini, émission à laquelle je participe actuellement. J'ai également fait des chroniques à Salut Bonjour et à la radio de Cogeco pendant plusieurs années. C’est ce que je fais le matin avant d’aller travailler pour vrai!
Qu’est-ce que le domaine des communications vous apporte de plus?
Je parle à plus de gens. Je leur donne de l’information à mettre dans leur sac à dos. Mais dans ma tête, je m’adresse encore à une seule personne. Quand des gens me disent qu’ils m’ont vue à la télévision, j’aime leur répondre que leur pyjama leur va très bien ! Certaines personnes me disent que je fais partie de leur quotidien. Ça crée une certaine familiarité, des relations qui sont vraies.
Quelles habitudes de vie peut-on adopter pour vieillir en santé?
Vieillir en santé, c’est vaincre l’isolement, avoir une bonne alimentation et faire suffisamment d’exercice pour stimuler tous les aspects physiques et mentaux. L’alimentation est responsable d’environ 70 % des maladies chroniques. Une bonne alimentation, jumelée à 30 minutes d’exercice par jour, a des effets très bénéfiques sur la santé. Et faire de l’exercice, ça peut être aussi simple que passer l’aspirateur en écoutant de la musique qui nous fait bouger.
La santé psychologique est aussi importante que la santé physique. Comment peut-on parvenir à garder l’équilibre entre les deux?
Il est important de se tenir informés, en lisant les journaux ou en écoutant les émissions d’affaires publiques par exemple. On est alors équipés pour communiquer avec les gens autour de nous. Le bénévolat nous motive aussi à sortir, à rencontrer des gens et à entretenir des conversations, ce qui stimule notre mémoire.
Actuellement, les gens de 50 à 70 ans tiennent la société à bout de bras. Qui prend soin des enfants quand les parents ont des horaires de fou? Qui prend soin des arrière-grands-parents dans les centres d’accueil ? Dans les maisons intergénérationnelles que je vois, c’est beaucoup plus les grands-parents qui prennent soin des enfants que le contraire! Évidemment, on espère que la vapeur se renverse si les grands-parents se retrouvent en perte d’autonomie.
Que conseillez-vous à un patient qui vient vous voir et qui note que son audition diminue?
Vu que la perte d’audition se fait progressivement, les patients ne le remarquent pas tant que ça. On le remarque plus qu’eux. Je leur explique qu’en ce moment, ils n’ont pas de difficulté à m’entendre, mais si je cache ma bouche avec mes mains ou si nous nous parlions dans un restaurant, ils m’entendraient probablement mal. Dans mon bureau, il m’arrive de mettre le ventilateur ou le déshumidificateur en marche pendant que je parle pour illustrer mes propos.
C’est alors qu’ils réalisent qu’ils entendent moins bien, qu’ils ne vont plus au restaurant et qu’ils ne reçoivent plus toute la famille en même temps parce que l’effort de concentration pour suivre les discussions les fatigue. Il faut seulement les sensibiliser à consulter un audiologiste pour un examen de l'audition, car les patients ne savent souvent pas ce qu’est la presbyacousie.
Merci pour cette entrevue fort intéressante, Dre Laberge!