Chimiothérapie et perte d'audition

La chimiothérapie est la méthode de traitement des maladies par des substances chimiques. Elle est utilisée notamment pour détruire les cellules cancéreuses.

chimio Le succès des traitements anticancéreux s’explique entre autres par leur puissance et les fortes doses administrées, ce qui fait que les effets secondaires peuvent être nombreux.

Certains d’entre eux nous viennent rapidement en tête, comme la perte de cheveux, la nausée et la fatigue intense. D’autres, même s’ils sont moins connus, méritent aussi notre attention. C’est le cas de l’oto-toxicité, c’est-à-dire le caractère dommageable d’une substance (médicament, drogue, produit chimique) pour l’oreille interne.

Parmi les anticancéreux ototoxiques, on compte le cisplatine, la vincristine, les moutardes azotées, la vinblastine, le carboplatine et la bléomycine. Le cisplatine est l’une des substances les plus toxiques pour l’oreille.

La perte auditive occasionnée est souvent permanente et peut s’accompagner d’un acouphène. Plusieurs facteurs peuvent influencer l’apparition de symptômes auditifs: l’âge, la présence d’autres conditions médicales (ex.: insuffisance rénale), les facteurs héréditaires, etc. Si vous avez déjà une perte auditive ou un acouphène, mentionnez-le avant le début du traitement anticancéreux, car les traitements pourraient accentuer la surdité. La dose du médicament, le mode d’administration, la durée du traitement et l’interaction avec d’autres médicaments sont aussi des facteurs qui peuvent influencer l’effet ototoxique du traitement.

Surveillez les signes

Les effets ototoxiques peuvent être nombreux et variables. Les symptômes peuvent apparaître durant les traitements de chimiothérapie ou dans les années suivantes. Ils peuvent être temporaires ou permanents.

Les troubles auditifs engendrés par les traitements ototoxiques peuvent avoir un impact sur la communication et la qualité de vie, avec des répercussions possibles sur le travail, les apprentissages scolaires et la vie sociale.

La perte auditive peut notamment mener à l’isolement et au stress de ne pas comprendre lors d’échanges interpersonnels.

Certaines substances ototoxiques, comme le traitement anticancéreux au cisplatine, rendent l’oreille plus fragile à l’exposition aux sons forts. Il est donc important d’utiliser une protection auditive (coquilles, bouchons antibruit) lorsque l’on s’expose au bruit (travail en milieu bruyant, spectacle de musique) pour éviter d’endommager nos oreilles.

Les différents professionnels de la santé (audiologiste, audioprothésiste, oncologue, pharmacien, infirmière, etc.) travaillent à prévenir, limiter et prendre en charge l’ototoxicité. La surveillance audiologique implique une évaluation de base (avant le début de la chimiothérapie), un suivi en cours de traitement et à la suite du traitement. La détection précoce d’une perte auditive en cours de traitement peut donner l’occasion à l’oncologue d’ajuster, si possible, le traitement, afin de diminuer ses impacts sur la vie quotidienne ou de prévenir une atteinte auditive permanente. Si la modification du traitement s’avère impossible, l’audiologiste pourra proposer d’autres solutions au patient, selon ses besoins spécifiques (appareils auditifs, stratégies de communication).

Si vous notez l’apparition d’un ou de plusieurs des symptômes suivants pendant ou après un traitement de chimiothérapie, prenez rendez-vous avec un audiologiste.

  • Impression de moins bien entendre: faire répéter plus souvent, augmenter le volume de la télévision, avoir de la difficulté à comprendre en milieu bruyant, etc. Un enfant peut sembler dans la lune et confondre des mots.
  • Acouphène (sifflement ou bourdonnement, entendu par vous seul).
  • Sensation d’oreille bouchée.
  • Perte d’équilibre, vertige, étourdissement.

N’hésitez pas à consulter un audiologiste pour en savoir davantage au sujet de l’ototoxicité.