Le bruit en milieu de travail

C’est bien connu, les conditions de travail n’ont pas toujours été réglementées et encadrées. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) affirme d’ailleurs qu’à l’aube du 20e siècle, « les conditions de travail au Québec sont pitoyables1. » Heureusement, beaucoup de changements se sont opérés depuis, des réglementations ont vu le jour et des mesures pour protéger les travailleurs en milieu bruyant ont été instaurées.

Au début du 20e siècle, plusieurs études effectuées en Angleterre et aux États-Unis ont permis de démontrer que le bruit a un réel impact sur l’audition en entraînant des pertes auditives temporaires et permanentes. Il faudra toutefois encore quelques années avant que des mesures concrètes de prévention ne soient instaurées. C’est en 1948, dans l’État de New York, qu’un premier cas de surdité professionnelle est indemnisé par un tribunal. Au Québec, le gouvernement reconnaîtra en 1962 la surdité professionnelle comme lésion professionnelle et adoptera un barème d’indemnisation2.

Les coûts élevés d’indemnisation de la surdité professionnelle et les impacts à long terme chez les travailleurs, incitent par la suite les gouvernements à miser sur la prévention en adoptant des règlements visant à limiter l’exposition au bruit en milieu de travail. En 1972, la Loi sur les établissements industriels et commerciaux vient fixer des limites d’exposition au bruit.

Au Québec, cette limite est actuellement fixée à 90 dB(A) pour une exposition de 8 heures. Toutefois, le projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, déposé le 27 octobre 2020, ferait passer la limite à 85 dB(A), ce qui harmoniserait la norme québécoise à celle des autres provinces canadiennes. Toutefois, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2018), la limite sécuritaire pour 8 heures d’exposition quotidienne est de 80 dB(A).

Même si les mesures pour encadrer le bruit en milieu de travail sont récentes, nous savons maintenant qu’il existe plusieurs moyens d’assurer la protection de l’audition des travailleurs. En réduisant le bruit à la source, en diminuant la propagation du bruit, en limitant le temps d’exposition des travailleurs et encourageant le port de protection auditive, il est possible de créer un environnement de travail sécuritaire pour l’audition des travailleurs. Bien évidemment, la sensibilisation doit se poursuivre car certains milieux de travail n’offrent toujours pas de mesures efficaces de réduction du bruit.

*Références :